

Une vidéo virale montre des élèves gabonais qui récitent en chœur un message de remerciement à la ministre de l’Éducation nationale. Cette séquence, tournée dans une salle de classe, défend une réforme scolaire très contestée. Loin de convaincre, elle a provoqué une profonde indignation. Derrière la communication politique se cache une grave transgression éthique, l’instrumentalisation d’enfants à des fins de propagande.
Le lieu même de la scène constitue la première trahison. Une salle de classe est, par définition, un sanctuaire dédié à l’apprentissage et à l’éveil de l’esprit critique. Ici, elle devient un simple décor pour une publicité gouvernementale.
Les élèves, alignés et dociles, ne sont plus des sujets qui apprennent, mais des objets qui parlent. Ils récitent un texte qu’ils n’ont pas écrit et dont ils ne mesurent sans doute pas tous les enjeux.

Un enfant, face à l’autorité de son enseignant et de l’institution, ne dispose pas d’un libre arbitre réel. Son obéissance est attendue, sa participation une évidence. Il y a donc un abus de pouvoir manifeste.
Les parents confient leurs enfants à l’école pour leur instruction, non pour leur enrôlement dans des campagnes de communication.
Le contrat de confiance entre les familles et l’institution scolaire est ici rompu.Il faut égelement interroger la leçon que ces jeunes retiennent d’une telle expérience.

Ils apprennent que la parole juste est celle qui est apprise par cœur et que la reconnaissance s’obtient par la louange du pouvoir. On ne forge pas ainsi des citoyens capables de réflexion et de discernement.
On fabrique des sujets soumis.Cette vidéo n’est pas une simple maladresse. Elle révèle une vision où l’enfant n’est plus la finalité d’une politique éducative, mais son simple outil.
En transformant des élèves en ventriloques de son discours, le ministère de l’éducation nationale ne défend pas sa réforme. Il sacrifie sur l’autel de sa communication ce qu’il est censé protéger, à savoir l’intégrité et l’innocence de l’enfance.